Et si la généralisation du tiers payant révolutionnait le parcours client du consommateur de soins ?

11/01/2016, publié par Grégory Krumm
généralisation du tiers payant

D’ici fin 2017, la généralisation du tiers payant sera effective pour les consultations de ville : médecins, dentistes et autres professionnels de santé pourront appliquer la dispense d’avance de frais à tous les assurés. Validée le 1er décembre dans le cadre de l’adoption de la loi de Santé, cette réforme est présentée par les pouvoirs publics comme un moyen de lutter contre le renoncement aux soins. De leur côté, les professionnels de santé y voient avant tout une surcharge administrative, un risque de retard de paiement voire une perte d’indépendance.

Au-delà des polémiques, cette réforme sur la généralisation du tiers payant portée par Marisol Touraine pourrait avoir comme effet inattendu de révolutionner le parcours client du consommateur de soins. Elle confère en effet à l’Assurance maladie une tout autre dimension qu’une simple facilité de paiement : il s’agit d’un véritable changement de paradigme qui fait remonter l’assureur au premier plan.

Ces dernières années, l’Assurance maladie s’est progressivement désengagée du remboursement des soins, avec comme double effet d’accentuer la participation de l’assuré à la maîtrise des dépenses et de booster les prérogatives des assureurs privés et des mutuelles. Ces acteurs ont été autorisés à constituer des réseaux de soins pour négocier les prix des prestations… et à moins rembourser les assurés ne fréquentant pas les prestataires de soins référencés.

Il est donc légitime de s’interroger sur les conséquences financières de cette généralisation du tiers payant, aucune étude n’ayant été réalisée à ce sujet. Si, aujourd’hui, le client/patient choisit librement son professionnel de santé, on est en droit de se demander si la généralisation du tiers payant en 2017 ne sera pas l’occasion pour l’assureur public, à l’instar des réseaux mutualistes ou d’assureurs, de s’immiscer dans la relation client et d’orienter l’assuré vers les prestataires de soins qu’il aura sélectionnés. Devenue le payeur pour tous, l’Assurance maladie pourrait bien à son tour conditionner ses remboursements au respect de ses exigences.